Tag Archives: Politique

Barack Obama et les abeilles

Le président Barack Obama ambitionne de sauver les abeilles. Quand un homme politique annonce un grand programme, il faut vraiment être naïf pour espérer des résultats rapides, concluants voire efficaces.

Au risque de passer pour un naïf, j’ose dire que L’article du Monde nous laisse espérer de bonnes nouvelles à venir des Etats-Unis.

 

Le contexte est assez différent du nôtre et mérite quelques rappels.

Tout d’abord on constate une fois de plus que l’apiculture étatsunienne a pour première vocation la pollinisation des cultures. Le miel serait presque un sous-produit dans ce pays continent. Les USA sont le premier producteur mondial d’amandes et les amandiers ont un besoin impératif d’abeilles pour les polliniser. Plus de la moitié des ruches du pays se concentrent en Californie en janvier de chaque pour la saison de la floraison des amandiers.

Il est intéressant de constater que les insecticides néonicotinoïdes sont clairement identifiés comme possibles facteurs de déclins des abeilles. Une quantification de leur impact est demandée, nous sommes impatients de lire les résultats. C’est d’autant plus intéressant que les autorisations de mises sur le marché des pesticides aux Etats-Unis sont bien moins exigeantes que les pratiques françaises et européennes.

Il y a fort à parier que les abeilles étatsuniennes souffrent des mêmes maux que les nôtres. Que la Maison Blanche prenne conscience du problème posé par la raréfaction des abeilles et décide d’y consacrer des moyens conséquents et selon une approche différente de ce que nous pratiquons en Europe, voici qui me semble une excellente nouvelle.

Le groupe de travail a six mois pour proposer des actions. Rendez-vous est donc pris.

 

Autres articles sur le même sujet :

The Guardian : White House task force charged with saving bees from mysterious decline.

The Washington Examiner : Obama moves to save the honey bees, targets pesticides.

Enfin, voici un lien vers le document de la Maison Blanche : Presidential Memorandum — Creating a Federal Strategy to Promote the Health of Honey Bees and Other Pollinators. Rien de tel que le retour à la source.

 

PS : depuis la rédaction de cet article, ‘C dans l’air’ a consacré une émission à cette nouvelle.

Ce magazine qui est généralement de très bonne qualité est, sur ce thème, très décevant. Si vous y apprenez quelque chose, allez vite le vérifier auprès d’une personne compétente. Faire le procès de l’agriculture moderne ne nous dit pas grand chose sur la pertinence de la démarche d’Obama, ni sur les résultats à en attendre pour les abeilles.

  • Les commentaires sur le frelon asiatique sont à oublier. Cela fait bientôt dix ans qu’il est arrivé et, d’un côté, on demande d’attendre les résultats des recherches, et de l’autre, on nous dit que le piégeage est facile et sans risque.
  • La présentation des néonicotinoïdes par Béatrice Robrolle-Mary est d’un manque de clarté accablant. Si avec ça, vous savez de quoi on parle, bravo. Quant à l’abeille filtre biologique imparable qui assure que les produits de la ruche ne sont pas affectés par les pollutions extérieures, c’est un beau mensonge. La mauvaise foi des apiculteurs commerçants est désolante et irresponsable.
  • François Lasserre, vice-président de l’OPIE (office pour les insectes et leur environnement) apporte un point de vue sur les pollinisateurs sauvages et donne une réplique utile face au discours de Béatrice Robrolle-Mary.
  • Quant à Bruno Parmentier, Yves Paccalet, ils sont pertinents mais un peu trop généralistes pour nous apporter un véritable éclairage sur le sujet. Si la reine d’Angleterre lance un programme pour sauver le Rossignol, on peut les faire revenir, ils diront à peu près la même chose.

Désolé pour ce commentaire un peu aigre, d’autant que ce n’est pas demain que ce blog aura l’audience de ‘C dans l’air’… C’est toujours agaçant de voir un sujet qui vous passionne traité superficiellement.

Le frelon asiatique, espèce nuisible

Les ministres de l’agriculture et de l’environnement envisagent de classer le frelon asiatique en "espèce exotique envahissante et nuisible à l’apiculture". S’agit-il d’une bonne nouvelle ? Rien n’est moins sûr !

Le communiqué est disponible sur le site du ministère de l’agriculture. Il prévoit notamment : "Le classement comme espèce exotique envahissante est soumis à la consultation du public à compter du 11 octobre, et pour une durée de quinze jours". Voici donc quelques éléments de réflexions en guise de réponse à cette consultation.

Que le frelon asiatique soit une espèce exotique envahissante ne fait pas de doute. Certes nous nous passerions volontiers des services de ce péril à pattes jaunes arrivé en France en 2004  au nombre des bienfaits du commerce mondialisé.

Que ce soit une espèce nuisible à l’apiculture est certain. Les dégâts causés sur les colonies d’abeilles domestiques sont incontestables. Ce frelon se nourrit essentiellement d’abeilles qu’il attrape au sortir de la ruche. Lorsqu’il se positionne en face des planches d’envol, le frelon met la colonie en état de stress et les butineuses ne sortent quasiment plus. Au point qu’elles ne rentrent plus de nourriture et que la ruche s’affaiblit par chômage avant de s’affaiblir par le nombre de proies prélevées.

Quentin Rome_2009-09-25_01643b

Revenons au texte du communiqué ministériel qui nous dit : "Le classement d’une espèce comme espèce exotique envahissante et comme danger sanitaire permet l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de lutte obligatoire au niveau national et départemental". La question est donc de savoir quel seront ces programmes de lutte.

Avant de rentrer dans le débat, ceux qui souhaitent en savoir davantage sur le frelon asiatique (Vespa velutina), peuvent aller sur wikipedia qui s’avère fort bien renseigné. Et précisons également que le Vespa velutina est fortement nuisible à l’apiculture et à elle seule : il n’est pas particulièrement dangereux pour l’homme, pas davantage que son cousin européen Vespa crabo.

L’une des grandes difficultés de la lutte provient de la localisation des nids dans la frondaison des arbres. Pratiquement, on ne les voit qu’à l’automne après qu’ils aient pleinement joué leur rôle de pouponnière et alors qu’ils sont vides. Il faut donc s’attaquer aux individus dispersés hors du nid là la recherche de nourriture.

On sait qu’un piégeage classique avec des appâts non spécifiques n’est pas recommandable pour de nombreuse raisons. La première est qu’on piège d’autres espèces d’insectes qui n’ont rien demandé alors qu’il serait probablement utile de les protéger. La seconde est que, le frelon étant envahissant, il est probablement sous-représenté par rapport à l’équilibre potentiel. Ainsi en piégeant du même coup les espèces concurrentes comme le frelon européen (Vespa crabo), on risque fort de réduire la concurrence et de favoriser l’espèce encore sous représentée (Vespa velutina). En d’autres termes, le piège à bière appliqué sur l’ensemble du territoire est à proscrire sauf à vouloir dérouler un tapis rouge à notre ami asiatique.

Pour mémoire, les apiculteurs asiatiques qui vivent avec Vespa velutina depuis des siècles utilisent une méthode d’élimination physique : la tapette à mouches. Cette méthode peu réaliste dans nos contrées présente quelques avantages : (i) elle est bien spécifique et n’a pas d’effet sur l’entomofaune, et (ii) elle réduit le bénéfice pour le prédateur de la rencontre avec la proie, bénéfice qui est un facteur essentiel du bon développement de la proie dans les modèles de dynamique des populations.

L’appât régulateur mentionné sur wikipedia est la voie la plus prometteuse ; pour autant qu’elle soit effectivement spécifique de Vespa velutina.

Notons également que le programme de lutte devra prévoir une action continue et de long terme car interrompre une telle action risque de produire des explosions des populations de prédateurs en cas de relâchement de la lutte. Gardons en mémoire que probablement seules quatre ou cinq fondatrices importées en France ont suffit à produire l’invasion de la moitié de la France en quelques années.

Enfin, il serait bon de s’assurer que les zones qui bénéficient de barrières naturelles soient protégées par des mesures de contrôle des échanges susceptibles de véhiculer ce terrible prédateur. Si le frelon asiatique est arrivé en France avec des produits végétaux (probablement dans la terre de plantes empotées), il serait bon d’éviter ce genre de commerce avec la Corse et les autres îles encore préservées.

Etablir un programme de lutte obligatoire et national est fort complexe. Gageons que les autorités responsables de l’élaboration de ce programme sauront prendre en compte toute la complexité écologique d’un tel défi. Et si on rêvait un peu alors on voudrait voir un modèle proie / prédateur de dynamique des populations utilisé pour (i) le suivi local des populations des zones déjà envahies, (ii) la prévision de l’invasion et (iii) le pilotage de la lutte raisonnée.

Abeilles et OGM : faut-il choisir ?

Le gouvernement vient de renouveler l’interdiction de mise en culture de maïs transgénique MON 810. Dans l’état actuel de nos connaissances, c’est une bonne nouvelle.

http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/03/16/la-france-interdit-la-culture-du-mais-mon810-de-monsanto_1671178_3244.html

Il n’y a pas de raison de refuser un progrès technologique pour autant qu’il s’agisse effectivement de progrès. La remise en question de cette interdiction qui ne saurait tarder, il nous semble utile de rappeler quels sont les points qui devront alors être traités.

Préambule : attention à la désinformation

L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF), syndicat apicole engagé de longue date dans la lutte contre la culture d’OGM, est au cœur de nombreuses actions anti-OGM. Ces derniers temps une pétition à circulé (www.ogm-abeille.org). Son thème est : « Abeille ou OGM, il faut choisir », et le slogan phare est "Nous avons plus besoin des abeilles que des OGM!". Bien que de nombreux syndicats et associations apicoles y participent, Bee my Friend refuse de cautionner ces actions. Notre position mérite probablement quelques explications.

L’UNAF prétend sensibiliser le public à la cause des abeilles, ne confondons pas sensibilisation et désinformation. Je prends pour illustration de cette pratique le dernier éditorial d’Abeille et Fleurs, dans lequel Olivier Belval, président de l’UNAF, se félicite de constater que : « Pour 81% de nos concitoyens, les pesticides sont la cause majeure de la mortalité des abeilles ». L’UNAF oublie de dire que pour plus de la moitié des apiculteurs, la première cause de problèmes dans les ruchers est Varroa destructor, le fameux acarien parasite des abeilles. Qui doit-on croire, une opinion manipulée et entretenue dans l’ignorance ou les spécialistes concernés ? L’utilisation de pesticides pose de nombreux problèmes, les aborder ainsi est nuisible à la démocratie et à la cause des abeilles.

"Nous avons plus besoin des abeilles que des OGM!". Ce slogan est parfaitement acceptable et ce d’autant plus que les OGM ont montré les dangers qu’ils font porter sur la flore et l’environnement sans pour autant apporter des améliorations substantielles de rendement à l’hectare ou de rentabilité de la culture.

Faut-il choisir entre abeille et OGM ? Il n’y a pas de raison de considérer abeille et OGM comme incompatibles. Et si tel était le cas, il n’y aurait évidemment pas de place pour les OGM car l’abeille et les pollinisateurs sont partout. Utiliser l’abeille comme alibi de la lutte anti-OGM est une vaste supercherie et un mauvais calcul. A ma connaissance, aucune étude ne montre une incompatibilité biologique entre abeille et culture OGM. C’est la règlementation actuelle qui rend abeilles et OGM incompatibles. Un miel a été jugé impropre à la consommation car il contenait du pollen de maïs OGM et que le dit maïs n’avait pas été autorisé pour la consommation humaine. La raison n’a rien de biologique, rien de scientifique. Et les lois et règlementations sont faits pour se faire et défaire en fonction de progrès de la connaissance.

 

Il existe de nombreuses raisons de refuser collectivement la mise en culture d’OGM sur le territoire national sous la forme qui nous est proposée. La plupart de ces raisons ne concernent pas particulièrement les abeilles et donc notre association n’a pas de raison de prendre position dans ce débat trop radical pour être honnête. Essayons de clarifier.

Propriété et responsabilité

Peut-on breveter le vivant comme le font les firmes développant des OGM ? A mon sens, non. Malheureusement, ceci n’est plus qu’un combat d’arrière garde, le coup est parti. Toutefois, si les firmes revendiquent une propriété des gènes, ne devraient-elles pas se voir attribuer une responsabilité sur leur dissémination ? Or tel n’est pas le cas. Par exemple : lorsque une moutarde sauvage a acquis par croisement avec un colza OGM, un gène propriété de Monsanto, lui conférant une résistance à un herbicide commercialisé par Monsanto, Monsanto ne devrait-il pas dépolluer la nature et éliminer cette moutarde devenue OGM hors de tout contrôle ? Lorsque une autre moutarde sauvage a acquis un second gène de résistance commercialisé par Bayer, Bayer ne devrait-il pas dépolluer la nature et éliminer cette moutarde devenue OGM hors de tout contrôle ? Enfin, quand une moutarde a acquis les deux gènes de résistance, qui est propriétaire et qui doit dépolluer ? Il ne s’agit malheureusement pas d’un cas théorique, de telles plantes ont été observées et les éliminer est extrêmement compliqué. Le producteurs d’OGM ne se précipitent pas.

La présence d’OGM est-elle acceptable

La culture d’OGM implique que collectivement nous en acceptions la présence dans notre environnement et jusque dans notre assiette. En effet, une partie des pollens seront OGM et leur dissémination, qu’elle se fasse par le vent, les insectes ou tout autre moyen, amènera des plantes initialement non OGM à le devenir après fécondation. C’est d’autant plus grave que les barrières interspécifiques entre plantes ne sont pas aussi strictes que chez les animaux.

A mon sens les OGM résistants aux herbicides ne sont que des moyens de vendre et épandre davantage de ces herbicides, c’est un non-sens écologique et pour l’instant l’Europe a résister à leur introduction. Plus sérieux les OGM de type BT comme le MON 810 de Monsanto mérite une étude plus approfondie. Cette plante a acquis la capacité de secréter la toxine insecticide naturellement produite par Bacillus thurigensis. Rien ne nous dit que la toxine est exactement la même et ni qu’elle est synthétisée et conditionnée sous sa forme naturelle, mais osons supposer qu’il en est ainsi. Certes, cette technologie est séduisante car elle permet de ne pas épandre d’insecticide. En revanche, le problème de la dissémination incontrôlable des pollens reste identique aux vus ci-dessus. Les quantités de substance insecticide secrétées sont loin d’être maitrisées. Enfin, que sait-on des éventuelles toxicités des exsudats de ces plantes et de leur attractivité pour les insectes non cibles. Un second article du Monde nous donne quelques idées sur la complexité scientifique et les querelles de clochers engendrées : http://www.lemonde.fr/planete/article/2012/03/19/la-coccinelle-victime-collaterale-du-mon810_1672055_3244.html.

Abeilles et OGM

Les OGM sont-ils toxiques pour les abeilles ? Nous n’en savons rien ou pas grand-chose. Voici une question qui exige une réponse au cas par cas.

Le point de règlementation qui nous semble important est la notion de droit de produire et consommer avec ou sans OGM. Tout d’abord, la mise en culture d’OGM prive tout apiculteur alentour de son droit de produire sans OGM. On retrouvera du pollen et des nectars OGM dans les miels.

Plus grave à mon sens, un agriculteur faisant le choix de cultiver sans OGM verra sa culture pollinisée par des abeilles qui lui apporteront du pollen OGM. Ainsi l’apiculteur prive l’agriculteur de son droit de cultiver sans OGM. L’abeille est alors le vecteur de la pollution génique, elle cause un tord à cet agriculteur traditionnel. Nous sommes heureux de voir cette notion enfin évoquée par la fameuse pétition, nous l’avons signalée depuis plusieurs années.

Il est essentiel que cette action vectrice de pollen qu’ils soit OGM ou non, soit reconnue comme ne pouvant en aucun cas être considérée responsable d’un tord causé. Ce tord a son origine dans la culture OGM et l’abeille ne saurait être tenue pour responsable. Le vecteur, l’abeille, est un partenaire intrinsèque et essentiel de toute culture, l’autorisation de mise en culture des OGM ne peut se faire qu’en connaissance de cause et doit d’emblée dédouaner l’abeille.

Et si on peut écarter les abeilles domestiques des champs OGM comme l’a demandé un juge allemand, on ne peut pas en faire autant des abeilles sauvages et autres insectes pollinisateurs. On peut oser espérer que les magistrats qui auront à étudier le dossier mesureront l’absurdité d’une telle position si la culture d’OGM doit se développer.

 

Les abeilles peuvent très probablement cohabiter avec des cultures OGM. La technologie n’a a priori pas de raison d’être remise en cause, l’innocuité des cultures proposées aujourd’hui est cependant questionnable.

Autoriser la mise en culture d’OGM

  • c’est accepter que le patrimoine génétique ambiant partagé par les cultivateurs sera mâtiné de gènes OGM dans des proportions imprévisibles, c’est accepter que ce qui pourrait passer pour une pollution génique n’en est pas une ;
  • c’est accepter que les abeilles récolteront des pollens et nectar OGM et qu’il sera impossible de les en empêcher, ni de contrôler les quantités contenues dans les miels ;
  • c’est accepter que les abeilles polliniseront indifféremment des plantes OGM et non OGM, et qu’il ne saurait être question de tenir les apiculteurs pour responsables de la dissémination incontrôlée de pollens transgéniques.

Tant que nous ne serons pas prêts à assumer collectivement ces risques, alors il sera préférable de prolonger l’interdiction des cultures OGM sur notre territoire.

Le comité Saddier et l’UNAF

L’Union Nationale de l’Apiculture Française (UNAF) dans le numéro de février de sa revue ‘Abeilles et Fleurs’ nous dresse un compte rendu de la première réunion du comité Saddier du 7 janvier 2009. Je vous invite à lire l’éditorial d’Henri Clément en page 3 et surtout la rubrique ‘Actualité syndicale’ et pages 8 et 9, dont je cite de larges extraits dans le texte qui suit.

C’est assez édifiant…

 

 

Varroa sur larve d’abeille – source www.ceillac.com

Je n’ai pas eu la chance de participer à cette réunion, le député Martial Saddier n’ayant pas jugé utile de convoquer les représentants de notre modeste association. En revanche, indépendamment du comité, j’ai eu l’honneur d’être reçu par Martial Saddier et nous avons eu une discussion de bonne qualité.

La lecture du rapport intitulé “Pour une filière apicole durable” et la rencontre avec son auteur m’ont laissé penser qu’un nouvel esprit animait les discussions concernant l’avenir de l’apiculture et de nos abeilles. Esprit emprunt d’écoute, de conciliation, de cohérence et de pragmatisme, autrement dit, il me semblait que les travaux avançaient dans une atmosphère constructive et propice à l’innovation dont notre filière à tant besoin.

 

Continue reading Le comité Saddier et l’UNAF

L’AFSSA et le MON810 – suite

La réponse du gouvernement n’a pas tardé. Et elle nous arrive par le Monde. Il semblerait que le ministère de l’écologie reconnaisse les compétences sanitaires de l’AFSSA mais se réserve toutefois le droit d’invoquer la précaution environnementale.

Au passage on remarquera la constance du ministère qui après la passation de témoin entre NKM et Chantal Jouanno semble poursuivre dans la direction initialement fixée.

Que les fondements environnementaux soient invoqués permet d’élever un peu le débats. En revanche, ne s’expose-t-on pas alors au jugement de Bruxelles qui n’a pas les mêmes scrupules environnementaux que notre ministre?

Nous en saurons rapidement davantage.

Alors que l’écologie devient une obligation, NKM nous quitte

Le remaniement ministériel est une occasion délicieuse de faire un peu de politique même si ce n’est pas la vocation première de ce blog. Vous avez pu lire ici quelques articles plutôt positifs quant à l’action de Nathalie Kosciusko-Morizet au secrétariat d’Etat à l’écologie. Du peu que je comprends de la façon dont est mené ce pays, je crois que nous lui devons beaucoup ; tout d’abord pour le Grenelle de l’Environnement et ensuite pour la rationalisation de l’approche des OGM qui sont aujourd’hui interdits en France en attente d’une réintroduction rationnelle et transparente.

Merci Nathalie, espérons que vos successeurs sauront respecter l’esprit nouveau que vous avez insufflé dans la gestion de l’environnement. Et pour tout vous dire, j’ai quelques inquiétudes.

Les apiculteurs sont traditionnellement des militants écologistes et ce pour de nombreuses raisons. Par delà la véritable motivation civique (qui ne justifie pas que cette profession soit davantage concernée que d’autres agriculteurs ou éleveurs), leur dépendance forte du milieu dans lequel leurs abeilles vivent de vaine pâture les oblige à militer pour que ceux qui peuvent influencer la qualité de ce milieu le respectent. Ce militantisme civique n’est donc pas dénué d’intérêt personnel et je suis le premier à encourager mon entourage à respecter et protéger la Terre qui nous nourrit, elle est fragile.

Revenons à NKM et à ce remaniement ministériel. Le gouvernement a fait initialement de l’écologie une priorité (souvenez-vous Alain Juppé puis Jean-Louis Borloo etc) et a nommé une jeune femme brillante et compétente en la matière, NKM. Tout va bien pour le moment. Arrive le Grenelle et il faut que chacun trouve des compromis et finalement les choses progressent dans un certain pragmatisme, ça pourrait être encore mieux mais il faut garder les pieds sur terre et faire des concessions que les râleurs regretteront éternellement. Ensuite survient une crise économique majeure où notre président s’agite comme il sait si bien le faire puis procède à un remaniement ministériel affaiblissant le ministère de l’écologie qui perd une forte personnalité compétente et reconnue et ne la remplace pas.

Que faut-il comprendre? Si le message est que les difficultés engendrées par la crise ne nous permettent plus le luxe de l’écologie alors je dois dire que ce raisonnement est non seulement inadmissible pour l’apiculteur amateur que je suis, mais il est encore moins acceptable pour l’économiste qu’il m’arrive d’être.

Le raisonnement est le suivant : crise du crédit, les banques ont de plus en plus de difficulté à se refinancer, rareté des financements pour l’économie productive, et donc les gouvernements réagissent pour relancer la machine. En France on insiste pour que les banques, soutenues par l’Etat, continuent de prêter à la sphère productive. L’Etat soutient les banques, bel effort de solidarité nationale, la collectivité soutient le secteur exposé qui, s’il est maintenu à un niveau d’efficacité correcte, devrait permettre à l’économie de ne pas trop ralentir. Tout va bien, tous les gouvernements font des choses à peu près semblables et savoir si les choix français sont meilleurs ou moins bons que d’autres n’est pas notre propos.

L’Etat soutient les banques pour juguler la crise. Il le fait avec les impôts que nous payons aujourd’hui mais surtout, il le fait en s’endettant et c’est là qu’est le sujet. Que l’Etat s’endette signifie que ce sont les générations à venir qui paieront les investissements et dépenses faites aujourd’hui. Ces générations recevront en héritage, tout d’abord la dette certaine que nous contractons aujourd’hui et les actifs dans lesquels nous investissons et dont la pérennité est parfois questionnable. Comment peut-on croire que ces générations accepteront l’héritage si il ne préserve pas la Terre troisième bien inclus dans l’héritage. De la qualité des investissement fait aujourd’hui pour relancer notre activité dépend la qualité du bien Terre demain. Sera-t-elle propre et à ranger à l’actif de la succession ou sale et à ranger au passif des égoïsmes des générations finissantes bien trop représentées dans les sphères dirigeantes et gouvernantes.

Parce que le seul remède qu’on ait trouvé à la crise est le financement d’investissements par la dette publique, nous avons l’obligation morale et politique d’investir encore davantage dans une économie verte et respectueuse de l’environnement. Saurons-nous le faire sans NKM?

Un dernier mot d’adieu pour Nathalie Kosciusko-Morizet. Si l’on accepte la théorie selon laquelle, pour fonctionner, les centres de calcul et les réseaux de télécommunications (qui sont la réalité matérielle de l’économie numérique) produisent directement ou indirectement autant de gaz à effet de serre que l’aviation civile, il y a là un grand chantier d’application des compétences que nous vous connaissons. Bon courage et bonne chance.

Abeilles et OGM en Allemagne

Bien souvent les tribunaux offrent à des gens très sérieux, l’occasion de produire avec autorité et emphase des conclusions d’une stupidité ahurissante. D’une part, les parties, à vouloir gagner l’une contre l’autre, finissent bien souvent par y perdre toutes les deux, et d’autre part, à vouloir trancher en droit au moyen de lois incomplètes, le tribunal risque fort d’y perdre sa crédibilité.

Vous trouverez dans le numéro de septembre de ‘l’Abeille de France’, la revue du SNA, à la page 368, un article fort intéressant sur les déboires de Karl Heinz Bablock, apiculteur dont la production s’est trouvée accidentellement contenir du pollen d’OGM (le fameux maïs MON810), face au Tribunal Administratif d’Augsburg.

Continue reading Abeilles et OGM en Allemagne

Abeilles et OGM – la loi est votée par l’Assemblée.

La loi sur les OGM vient de passer à l’Assemblée, il reste un passage technique au Sénat et la France disposera d’une loi mettant en oeuvre, en droit français la directive européenne de 2001. Il était temps. Cependant gardons à l’esprit que ceci n’est qu’une première étape et que la confrontation avec la réalité nous réserve probablement des surprises.

Continue reading Abeilles et OGM – la loi est votée par l’Assemblée.