Récolte de fin d’été

Aout-Miel au sortir de l'extracteurNos abeilles ont bien travaillé et la fin de l’été a probablement sauvé une année bien mal entamée. Si la  récolte est un moment de fort stress et d’activité intense chez les professionnels, elle n’en demeure pas moins chez tous le couronnement de mois d’attention et d’application. Chez l’amateur, c’est une véritable fête et un grand moment proximité avec ses abeilles.

La récolte comprend deux phases à éxécuter successivement. Tout d’abord, au rucher, la récolte proprement dite ou l’apiculteur prélève dans les hausses, les cadres remplis de miel. Ensuite, dans la miellerie, l’extraction du miel est une tâche grisante qui accomplit une année de travail. La fascination qu’opèrent les abeilles sur qui les observe ne nous fera pas oublier que c’est avant tout pour ce miel que nous les élevons. 

Récolte - cadre operculéAu rucher, la récolte consiste à prélever les cadres de hausse pour autant qu’ils sont pleins et operculés. En effet, pour être récolté, un cadre de miel doit être operculé pour l’essentiel, ce qui signifie que les ouvrières ont  terminé de travailler le miel, qu’elles l’ont séché et finalement conditionné pour passer l’hiver. Trop de cellules non operculées donneraient un miel trop acqueux donc moins riche et susceptible de fermenter.

Alors que les professionnels utilisent les chasse-abeilles et prélèvent la hausse d’un bloc, l’amateur qui ne compte pas son temps prend plaisir à récolter cadre par cadre, armé de sa balayette et de son enfumoir. Par une belle journée où les ouvrières butinent encore abondamment, c’est un vrai bonheur; attention toutefois, pratiquée trop tard dans la saison, alors que la miellée faiblit, que la ponte de la reine est réduite et les abeilles plus âgées et sur la défensive, la même méthode peut mener à un véritable bras de fer et gare aux piqûres. Seconde précaution, ne pas trop enfumer, il m’est arrivé à mes début de prendre trop de temps et d’enfumer les abeilles trop nombreuses sur les cadres de hausse. Le résultat fut un miel légèrement fumé, c’est dommage.

Aout-Récolte miel 2 Ensuite les hausses ainsi rassemblées sont portées à la miellerie pour extraction. Bien sûr il reste quelques abeilles dans les hausses, sauf maladresse notoire de la part de l’opérateur, ces abeilles ne sont pas agressives et ne piquent pas, elles animeront la miellerie de leurs vols incessants.

 

La première opération va consister à désoperculer les raAout-Désoperculation 2yons garnis de  miel. Pour ce faire on utilise un  couteau à désoperculer, le mien ressemble à un grand couteau à pain. Non seulement on enlève l’opercule mais de plus on tranche le rayon au raz du cadre de bois de sorte que les  cadres soient réguliers et ainsi plus faciles à stocker l’hiver et à réutiliser pour une prochaine récolte.

Les opercules, cires et miel ainsi séparés du cadres seront ensuite  égouttés et filtrés. Cette opération suffit à récolté l’essentiel d’un miel liquide.

Aout-Désoperculation 3 - miel figé

En revanche, il peut arriver que le miel fige dans les cellules. A cela plusieurs raison possibles : miel à forte teneur en colza ou érable, extraction tardive alors que le cadre a perdu la chaleur de la ruche, etc. Dans ce cas, il sera nécessaire de procéder par chauffage pour séparer le miel de la cire. Les puristes préféreront manger le cadre en gâteau de miel, il s’agit alors de retirer le rayon du cadre et de manger cire et miel non séparés. C’est délicieux mais toutes les dents ne s’en accommodent pas. 

Aout-Extracteur manuel à 3 cadres 2 Ensuite les cadres sont disposés dans l’extracteur qui par centrifugation fera sortir le miel des rayons. Ici vous pouvez voir un extracteur à trois cadres et à manivelle. Il en existe de beaucoup plus sophistiqués.

Les cadres sont centrifugés puis retournés et centrifugés de nouveau. Quelques minutes suffisent; le miel est projeté sur les parois de l’extracteur puis il s’écoule au fond. Enfin un robinet permet de vider l’extracteur d’un miel souvent mélangé de copeaux de cire et quelques impuretés.

Le miel est alors filtré avant d’être stocké quelques jour dans un maturateur. Le filtrage permet d’éliminer les particules de cires ainsi que les trop nombreuses abeilles qui se sont engluées dans cet océan de nourriture.

Aout-Filtrage avant maturation (2)

Enfin la maturation permet, par décantation de séparer encore quelques impuretés. Il ne restera plus qu’à mettre en pots.

Les cadres vidés de leur miel sont ensuite disposés à distance des ruches afin que les abeilles viennent lécher les reliquats de miel encore présents sur les cadres et dans les cellules. Il est important de veiller à ne pas développer le goût du pillage, pour ce faire on respectera une bonne  distance des ruches et on limitera les quantités
de miel ainsi restituées.

Ici s’arrête la production de ce délicieux liquide sucré. Pas de cuisson, pas d’additif, pas de transformation. Le miel tel que produit par les apiculteurs récoltants est issu du seul travail des abeilles et de sa récolte ingénieuse.

Pour récolter une hausse, de la ruche au maturateur et avec le matériel présenté, il faut compter environ deux heures. Ensuite tout dépend de l’organisation et de l’expérience.

Revenons à nos abeilles privée du fruit de leur travail patient et méticuleux. Lorsqu’on récolte la dernière hausse et qu’on laisse la colonie dans son corps de ruche, on passe une sorte d’accord avec ses mouches à miel : à partir de maintenant les miellées tardives (lierre notamment) seront consacrées exclusivement à l’alimentation de la ruche pendant l’hiver. Fini l’exploitation, vous travaillez pour vous seules; merci pour tout! Une dernière visite d’automne permettra de s’assurer que tout est en bon ordre, d’appliquer les traitements anti-varroa et de programmer le nourissement si nécessaire.

PS – Attention Amateur : J’ai pris le parti de présenter les travaux apicoles tels que je les pratique, c’est à dire en amateur et avec un minimum de matériel. Cette vision simpliste est d’un accès facile, elle permettra de découvrir les rudiments de l’apiculture; puisse-t-elle faire comprendre à ceux qui souhaiteraient passer à l’acte que la chose est possible avec relativement peu de moyens mais beaucoup de temps, de débrouillardise, de sens de l’observation, de persévérance et d’enthousiasme. Attention, il m’est plus facile de présenter mes succès que mes épreuves et échecs. Un blog, un site internet, un livre ne remplaceront jamais deux éléments essentiels et indispensables au débutant : une formation de terrain et la disponibilité d’un proche expérimenté avec qui partager ses problèmes et interrogations.

Enfin j’attire l’attention du lecteur sur le fait qu’il s’agit d’une production à des fins de consommation personnelle. La productivité et les normes commerciales exigées d’un professionnel l’obligent à recourir à des méthodes et matériels plus efficaces et plus rentables dès lors que les quantités traitées sont importantes.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *