Honey fueled – les vacances d’un amateur de miel

Cet été, pendant que nos abeilles s’affairaient aux champs, mes pérégrinations à travers la France m’ont donné l’occasion d’observer le marché du miel dans notre vaste pays. Au lieu de produire des statistiques dont chacun pourrait questionner la pertinence, je vous livre mes observations avec toute leur subjectivité et surtout mes recommandations pour vous régaler.

En France, on trouve du miel un peu partout – à condition de ne pas passer ses vacances en Beauce ou derrière une usine de produits phytosanitaires. En revanche, dans ce pays qui importe entre un tiers et la moitié de sa consommation, il est nécessaire de fouiner un peu pour trouver des produits de qualité. Les miels achetés chez le producteur sont le reflet du terroir qui les a sécrétés et comportent toujours une petite touche liée à la personnalité de l’apiculteur. Les spécialistes y reconnaîtront la flore locale, les amateurs plus intuitifs y trouvent une facette de plus dans leur perception d’un paysage, d’une région.

Promenade au coeur du Massif Central

J’ai eu la chance de passer en juin sur les plateaux de l’Aubrac et de la Margeride, puis en Lozère, dans le Lot et dans les Cévennes. A Marvejol, j’ai goûté un miel toutes fleurs produit sur les hauteurs par Olivier Portal (marchand de souvenirs, cartes postales et armurier à Marvejol). Un véritable bouquet de fleurs sauvages. S’il était nécessaire de rappeler que la biodiversité est une richesse, ce miel en est la simple traduction gustative.

Dans les Cévennes, j’ai pu goûter les miels d’Henri Clément (Florac – président de l’UNAF) : son miel des Cévennes me rappelle délicieusement celui que produisait mon maître et beau-père Pierre Aubanel, le châtaignier rehausse sans dominer; son miel de Causse est à mon goût plus agréable que le miel des Garrigues qui manque un peu de caractère. L’approche qui consiste à faire des miels toutes fleurs qui ne sont pas le mélange des rebuts mais au contraire des assemblages naturels qui portent en eux les parfums de leur terroir mérite une attention particulière. En matière de production naturelle, il est souvent préférable de laisser la nature opérer.

En descendant la vallée de la Loire

Fin juillet, une équipe de cinq cyclistes vêtus aux couleurs de Bee my Friend a parcouru la vallée de la Loire de la Nièvre à Noirmoutier. Environ 600km de petites routes parcourues avec armes et bagages. Inutile de dire que sans un combustible sérieux un tel exploit n’était pas envisageable. Ce fut l’occasion d’une étude de la disponibilité de miel au petit déjeuner dans les hotels divers, certains très modestes d’autres plus étoilés. Force est de constater que l’offre est modeste et certainement pas à la hauteur du potentiel de cette région. Nous n’avons pas pris le temps de parcourir les marché.

– Petit hotel dans le Cher : pas de miel et même pas de céréales – l’étape sera donc courue sur les réserves.

– Hotel à Chenonceau : miel d’acacia origine inconnue. Un bon produit pour vous faire démarrer la journée de bonne humeur.

– Hotel à Fontevrault l’Abbaye : un petit déjeuner qui serait parfait si on ne vous disais : “Du miel? Nous n’en avons plus, désolé.” Quelle incongruité!

– Chambre d’hôte à la ferme en Anjou : un petit déjeuner bio avec un miel bio d’origine non identifiée, cela ressemble à de l’importation (produit de masse, constant, sans aspérité). C’est bon mais c’est dommage, il est certain qu’un miel local bio ou non aurait eu ma préférence.

– Hotel à St Philibert Grand Lieu : un petit déjeuner complet avec plusieurs variétés de ‘Lune de miel’, marque souvent présente en grande distribution, rien d’extraordinaire mais c’est déjà ça.

En résumé : du miel disponible seulement trois fois sur cinq; aucun miel de producteur; une seule offre de miels variés. Dans un pays importateur, il est normal que les produits du négoce soient relativement standardisés cependant on peut s’étonner qu’à travers la France profonde, le miel artisanal ne soit pas davantage valorisé. Enfin, je dois également manifester ma surprise de ne voir que très peu de ruches. Le potentiel de production de miel de nos campagnes me semble sous-exploité.

Sur l’île de Noirmoutier, malgré une forte exposition au vent, on récolte un miel toutes fleurs de qualité. On trouve deux apiculteurs sur le marché dont Anthony Marchesi (basé à Sallertaine), son miel de ronce a égayé ma semaine sur l’île.

En parcourant la Haute-Savoie

Après la mer, la montagne, et nous avons pu constater que le miel n’était pas davantage à l’honneur dans les refuges de montagne que dans les hotels de la vallée de la Loire.

Sur les marchés des Alpes, des vendeurs de miel qui mélangent leurs propres productions et des miels du négoce, le tout étiqueté ‘mis en pot par l’apiculteur’. Le miel de lavande ne vient pas de Haute-Savoie. Cependant, j’ai trouvé un délicieux miel toutes fleurs chez Martial Chalamel à Sallanches ; son miel de montagne est semblable avec une pointe de sapin qui le rend plus fort et écrase un peu les fleurs des prairies alpines. Enfin, un miel de tilleul assez typé qui joue a plein son rôle.

Apothéose sportive

2008-05-170001Pour finir ces vacances apicoles et sportives, en collaboration  avec Planet Jogging, le 6 septembre, sept coureurs ont porté les couleurs de Bee my Friend sur les pentes des alpages suisses à l’occasion du Marathon de la JungFrau.

Le thème ‘Honey fueled’ est apparu sur nos Tshirts. Sept coureurs sensibilisés à la cause des abeilles, sept coureurs nourris au miel, sept coureurs à l’arrivée de cette épreuve hors du commun.  

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Le vainqueur a reçu un pot de miel de ma production et nous voici tous engagés à courir aux couleurs de notre association pour la cause des abeilles.

Plus loin, plus haut, plus fort.

Et pour cela, une seule recette : “Manger du miel”.

En guise de conclusion

Le miel n’a pas la place qu’il mérite et tous nous pouvons contribuer à palier cette lacune. On ne le dira jamais assez, pour enrayer le déclin des abeilles la première chose à faire c’est “manger du miel”. Où se le procurer? On trouve de bons miels un peu partout en France dès qu’on cherche un petit peu. Malheureusement, l’étiquetage des miels est encore trop souvent une vaste blague : lire sur un pot ‘miel provenant de divers  pays de l’UE et de pays hors UE’ est une honte. Lire ‘Miel mis en pot par M. X’ me fait doucement rire lorsque M. X a évidemment acheté son miel en fûts. Alors, dans cette jungle, mieux vos s’entretenir avec le vendeur, juger de sa mine, et surtout ne se fier qu’à son propre palais. Sur les marchés, goûtez les divers miels offerts et n’écoutez que votre plaisir. Ne vous attardez pas trop sur la consistance, goûtez sans a priori. Dans les hotels, au petit déjeuner demandez du miel et du bon.

Préférez les miels artisanaux vendus avec les commentaires de l’apiculteur récoltant. Ne négligez pas les miels toutes fleurs, de la diversité des sources de nectars sort souvent de merveilleux assemblages. Quant au miels monofloraux, ils sont rarement purs et de cette impureté naît souvent le caractère voire la richesse d’un miel. Prenez le temps de découvrir et d’apprécier, on est rarement déçu.

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